Prédication du 11 août, "Si Dieu n'existait pas, j'y croirais quand même."

La question de savoir si Dieu existe est une question 

sans réponse.

Qui sait si Dieu existe ? 

Qui sait s’il n’existe pas ?

Bien prétentieux est celui qui saurait y répondre.

 

La seule réponse honnête à cette question est « je ne 

sais pas ».

 

Je ne sais pas si Dieu existe, et pourtant c’est devant 

lui que j’ai choisi de me tenir et je l’espère tous les 

jours de ma vie.

 

Car je crois que l’on ne peut pas se tenir devant soi.

Rien qu’en soi.

Pour être là, pour être présent au monde, aux autres, 

à soi, il faut être ailleurs qu’en soi.

Il faut à l’humain un vis-à-vis, un autre que lui pour lui 

faire face.

Un vis-à-vis qui vienne le déplacer, qui sache 

l’interpeller, capable de l’appeler, susceptible

d’activer en lui l’élan de vie qui est en lui.

 

Si la question de savoir si Dieu existe ou non, n’a pas 

d’importance, celle de savoir devant quel Dieu l’on se 

tient est – par contre – une question de première 

urgence.

 

Se tenir devant Dieu, oui ? Mais quel Dieu ?

 

Car il ne suffit pas de dire Dieu.

Dieu est un mot vague et embarrassant parce qu’il 

recouvre plein de définitions, de représentations.

 

Le mot « Dieu » est une surface sur laquelle nous 

projetons bien des attentes et parfois des peurs.

 

Quel est ce Dieu devant lequel nous essayons de nous 

tenir, ici samedi après samedi (dimanche après 

dimanche) ?

Dans notre monde, Dieu a longtemps fait partie du 

paysage, ou des meubles.

 

Mais ce temps-là est bien révolu.

La grande majeure partie de nos contemporains se 

passent de Dieu.

 

Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu 

dont on pensait qu’il savait tout de nous.

 

Le Dieu qui faisait tout, la pluie et le beau temps que 

ce soit dans nos vies ou dans le cours de l’histoire du 

monde.

 

Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu 

qui pensait-on faisait s’écrouler la tour de Siloé selon 

ses desseins impénétrables ou qui faisaient 

s’entrechoquer les plaques tectoniques les unes contre 

les autres pour provoquer des séismes meurtrier.

 

Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu 

qui, pensait-on, bénissait les uns et maudissait les 

autres.

Guérissait les uns de la maladie des uns et condamnait 

les autres.

 

Je ne crois pas en ce Dieu-là.

Je ne crois pas en un Dieu qui sait tout, qui peut tout, 

qui fait tout.

Je ne crois pas en un Dieu, qui tel le Génie de la 

lampe d’Alladin, pourrait exaucer nos vœux, même 

les plus désintéressés.

 

Si c’est de ce Dieu-là dont nos contemporains se 

passent, alors il faut s’en réjouir.

 

Mais je n’en suis pas sûr.

 

Car il est difficile de déloger ce Dieu qui a toujours 

fait partie du paysage.

Ce Dieu omniscient, omnipotent continue à coloniser 

encore et toujours nos esprits.

 

N’est-ce pas lui que, parfois nous invoquons devant la 

maladie ou l’échec lorsque nous murmurons … 

« mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour mériter 

cela ? ».

Des murmures que même l’athée le plus convaincu se 

surprend parfois à prononcer.

Alors oui, la seule question qui vaille est de savoir 

devant quel Dieu nous essayons de nous tenir.

 

A cette question, je répondrais … non pas le Dieu qui 

fait partie des meubles, mais le Dieu de Jésus-Christ.

 

Le Dieu de Jésus-Christ, c’est le Dieu devant lequel 

Jésus a vécu sa vie et sa mort.

 

Le Dieu de Jésus-Christ, c’est celui que Paul prêche 

aux Athéniens en ces termes audacieux :

Le Dieu qui a créé l'univers et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas des temples construits par la main des hommes et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste.

 

 

Voilà le Dieu en qui je crois.

 

Un Dieu qui n’a rien du modèle courant.

 

Écoutez plutôt !

 

« son service ne demande pas de mains 

humaines, comme s’il avait besoin de quelque 

chose … »

 

Entendez-vous combien ces mots sont libérateurs :

Le Dieu de Jésus-Christ, … n’a besoin de rien.

 

Jésus ne se tenait ni devant un Dieu qui attendait tout 

de lui, ni devant un Dieu magicien, mais un Dieu 

infiniment proche.

 

Jésus avait la foi simple et non simplette !

Une foi qu’il vivait au cœur du monde, dans le 

monde.

Car c’est dans le monde et non au-dessus, en 

surplomb du monde qu’il faut chercher Dieu.

 

Jésus vivait Dieu avec ceux et celles qu’il rencontrait 

en chemin.

Les enfants, les femmes, les malades.

Jésus vivait Dieu avec ses disciples, bien qu’ils fussent 

un peu ballots et remplis de contradictions, comme 

nous.

 

Jésus vivait Dieu avec les infréquentables, les impurs, 

ceux et celles que l’on pensait être les réprouvés de 

Dieu.

Jésus vivait Dieu avec ceux et celles qui croyaient en 

d’autres dieux :

les étrangers et même les soldats romains.

 

Jésus vivait Dieu autour des tables.

Jésus vivait Dieu au cœur des noces.

Autour des puits, comme en Samarie.

Jésus vivait Dieu dans les pleurs et dans les joies.

 

Jésus vit sa foi devant Dieu avec poésie, avec 

légèreté, avec audace et même indiscipline.

 

Une conviction était chevillée en Jésus, celle qu’il 

existait pour Dieu et avec Dieu et cela lui suffisait.

 

Savoir qu’il existait pour Dieu suffit à faire de Jésus un 

homme résolument libre, en totale confiance.

 

Même sous la croix, les religieux hostiles lui 

reconnaissent toutefois cette foi pleine :

 

Il a mis en Dieu sa confiance

C’est sans doute la seule chose qu’ils lui 

reconnaissent.

 

Cette conviction, Jésus cherche inlassablement à la 

partager autour de lui, car Jésus n’a pas de doute à 

ce sujet : tout être vivant sans exception existe pour 

Dieu. 

 

Aujourd’hui, nous devrions nous réjouir que nos 

contemporains se soient détournés d’un Dieu qui 

sait tout, qui peut tout, qui veut tout.

 

Délestés de ce Dieu au joug pesant, peut-être nos 

contemporains sont-ils prêts à entendre que le Dieu de 

Jésus—Christ, …

 

… le Dieu devant lequel nous nous tenons samedi 

après samedi (dimanche après dimanche),

 

… est un Dieu qui n’a besoin de rien.

Et tel est notre défi … comment prêcher, comment 

témoigner de ce Dieu qui n’a besoin de rien ?

 

C’est bien plus facile de prêcher un Dieu qui a besoin 

de tout et qui attend tout de nous, il suffit de tout 

codifier au millimètre, de légiférer … mais comment 

prêcher un Dieu qui n'a besoin de rien ?

 

Sans doute en vivant simplement dans le monde, avec 

ceux et celles qui nous sont donnés de rencontrer, 

avec cette confiance et ce courage d’être, en toute 

circonstance que nous donne notre foi.

 

Sans doute en rappelant à temps et à contretemps que 

Jésus n’est pas venu pour nous dire que Dieu existait, 

mais que nous existions pour Dieu.

 

Je ne sais pas si Dieu existe, et pourtant c’est devant 

lui que j’ai choisi de me tenir, je l’espère jusqu’à mon 

dernier souffle.

Amen

 

ACTES 17,16-25

Tandis que Paul les attendait à Athènes, il avait l'âme bouleversée de voir cette ville pleine d'idoles. Il adressait donc la parole, dans la synagogue, aux Juifs et aux adorateurs de Dieu, et, chaque jour, sur la place publique, à tout venant. Il y avait même des philosophes épicuriens et stoïciens qui s'entretenaient avec lui. Certains disaient : « Que veut donc dire cette jacasse ? » Et d'autres : « Ce doit être un prédicateur de divinités étrangères. » – Paul annonçait en effet Jésus et la Résurrection. Ils mirent donc la main sur lui pour le conduire devant l'Aréopage : « Pourrions-nous savoir, disaient-ils, quelle est cette nouvelle doctrine que tu exposes ? En effet, tu nous rebats les oreilles de propos étranges, et nous voudrions bien savoir ce qu'ils veulent dire. » Il faut dire que tous les habitants d'Athènes et tous les étrangers en résidence passaient le meilleur de leur temps à raconter ou à écouter les dernières nouveautés.

Debout au milieu de l'Aréopage, Paul prit la parole : « Athéniens, je vous considère à tous égards comme des hommes presque trop religieux. Quand je parcours vos rues, mon regard se porte en effet souvent sur vos monuments sacrés et j'ai découvert entre autres un autel qui portait cette inscription : “Au dieu inconnu”. Ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, c'est ce que je viens, moi, vous annoncer. Le Dieu qui a créé l'univers et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas des temples construits par la main des hommes et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste.

 

MATTHIEU 27

Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon ; ils le requirent pour porter la croix de Jésus. Arrivés au lieu-dit Golgotha, ce qui veut dire lieu du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel. L'ayant goûté, il ne voulut pas boire. Quand ils l'eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Et ils étaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête, ils avaient placé le motif de sa condamnation, ainsi libellé : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » Deux bandits sont alors crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche. Les passants l'insultaient, hochant la tête et disant : « Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix ! » De même, avec les scribes et les anciens, les grands prêtres se moquaient : « Il en a sauvé d'autres et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis en Dieu sa confiance, que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime, car il a dit : “Je suis Fils de Dieu !” » Même les bandits crucifiés avec lui l'injuriaient de la même manière.