La question de savoir si Dieu existe est une question
sans réponse.
Qui sait si Dieu existe ?
Qui sait s’il n’existe pas ?
Bien prétentieux est celui qui saurait y répondre.
La seule réponse honnête à cette question est « je ne
sais pas ».
Je ne sais pas si Dieu existe, et pourtant c’est devant
lui que j’ai choisi de me tenir et je l’espère tous les
jours de ma vie.
Car je crois que l’on ne peut pas se tenir devant soi.
Rien qu’en soi.
Pour être là, pour être présent au monde, aux autres,
à soi, il faut être ailleurs qu’en soi.
Il faut à l’humain un vis-à-vis, un autre que lui pour lui
faire face.
Un vis-à-vis qui vienne le déplacer, qui sache
l’interpeller, capable de l’appeler, susceptible
d’activer en lui l’élan de vie qui est en lui.
Si la question de savoir si Dieu existe ou non, n’a pas
d’importance, celle de savoir devant quel Dieu l’on se
tient est – par contre – une question de première
urgence.
Se tenir devant Dieu, oui ? Mais quel Dieu ?
Car il ne suffit pas de dire Dieu.
Dieu est un mot vague et embarrassant parce qu’il
recouvre plein de définitions, de représentations.
Le mot « Dieu » est une surface sur laquelle nous
projetons bien des attentes et parfois des peurs.
Quel est ce Dieu devant lequel nous essayons de nous
tenir, ici samedi après samedi (dimanche après
dimanche) ?
Dans notre monde, Dieu a longtemps fait partie du
paysage, ou des meubles.
Mais ce temps-là est bien révolu.
La grande majeure partie de nos contemporains se
passent de Dieu.
Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu
dont on pensait qu’il savait tout de nous.
Le Dieu qui faisait tout, la pluie et le beau temps que
ce soit dans nos vies ou dans le cours de l’histoire du
monde.
Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu
qui pensait-on faisait s’écrouler la tour de Siloé selon
ses desseins impénétrables ou qui faisaient
s’entrechoquer les plaques tectoniques les unes contre
les autres pour provoquer des séismes meurtrier.
Le Dieu qui faisait partie des meubles, c’était le Dieu
qui, pensait-on, bénissait les uns et maudissait les
autres.
Guérissait les uns de la maladie des uns et condamnait
les autres.
Je ne crois pas en ce Dieu-là.
Je ne crois pas en un Dieu qui sait tout, qui peut tout,
qui fait tout.
Je ne crois pas en un Dieu, qui tel le Génie de la
lampe d’Alladin, pourrait exaucer nos vœux, même
les plus désintéressés.
Si c’est de ce Dieu-là dont nos contemporains se
passent, alors il faut s’en réjouir.
Mais je n’en suis pas sûr.
Car il est difficile de déloger ce Dieu qui a toujours
fait partie du paysage.
Ce Dieu omniscient, omnipotent continue à coloniser
encore et toujours nos esprits.
N’est-ce pas lui que, parfois nous invoquons devant la
maladie ou l’échec lorsque nous murmurons …
« mais qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour mériter
cela ? ».
Des murmures que même l’athée le plus convaincu se
surprend parfois à prononcer.
Alors oui, la seule question qui vaille est de savoir
devant quel Dieu nous essayons de nous tenir.
A cette question, je répondrais … non pas le Dieu qui
fait partie des meubles, mais le Dieu de Jésus-Christ.
Le Dieu de Jésus-Christ, c’est le Dieu devant lequel
Jésus a vécu sa vie et sa mort.
Le Dieu de Jésus-Christ, c’est celui que Paul prêche
aux Athéniens en ces termes audacieux :
Le Dieu qui a créé l'univers et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas des temples construits par la main des hommes et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste.
Voilà le Dieu en qui je crois.
Un Dieu qui n’a rien du modèle courant.
Écoutez plutôt !
« son service ne demande pas de mains
humaines, comme s’il avait besoin de quelque
chose … »
Entendez-vous combien ces mots sont libérateurs :
Le Dieu de Jésus-Christ, … n’a besoin de rien.
Jésus ne se tenait ni devant un Dieu qui attendait tout
de lui, ni devant un Dieu magicien, mais un Dieu
infiniment proche.
Jésus avait la foi simple et non simplette !
Une foi qu’il vivait au cœur du monde, dans le
monde.
Car c’est dans le monde et non au-dessus, en
surplomb du monde qu’il faut chercher Dieu.
Jésus vivait Dieu avec ceux et celles qu’il rencontrait
en chemin.
Les enfants, les femmes, les malades.
Jésus vivait Dieu avec ses disciples, bien qu’ils fussent
un peu ballots et remplis de contradictions, comme
nous.
Jésus vivait Dieu avec les infréquentables, les impurs,
ceux et celles que l’on pensait être les réprouvés de
Dieu.
Jésus vivait Dieu avec ceux et celles qui croyaient en
d’autres dieux :
les étrangers et même les soldats romains.
Jésus vivait Dieu autour des tables.
Jésus vivait Dieu au cœur des noces.
Autour des puits, comme en Samarie.
Jésus vivait Dieu dans les pleurs et dans les joies.
Jésus vit sa foi devant Dieu avec poésie, avec
légèreté, avec audace et même indiscipline.
Une conviction était chevillée en Jésus, celle qu’il
existait pour Dieu et avec Dieu et cela lui suffisait.
Savoir qu’il existait pour Dieu suffit à faire de Jésus un
homme résolument libre, en totale confiance.
Même sous la croix, les religieux hostiles lui
reconnaissent toutefois cette foi pleine :
Il a mis en Dieu sa confiance
C’est sans doute la seule chose qu’ils lui
reconnaissent.
Cette conviction, Jésus cherche inlassablement à la
partager autour de lui, car Jésus n’a pas de doute à
ce sujet : tout être vivant sans exception existe pour
Dieu.
Aujourd’hui, nous devrions nous réjouir que nos
contemporains se soient détournés d’un Dieu qui
sait tout, qui peut tout, qui veut tout.
Délestés de ce Dieu au joug pesant, peut-être nos
contemporains sont-ils prêts à entendre que le Dieu de
Jésus—Christ, …
… le Dieu devant lequel nous nous tenons samedi
après samedi (dimanche après dimanche),
… est un Dieu qui n’a besoin de rien.
Et tel est notre défi … comment prêcher, comment
témoigner de ce Dieu qui n’a besoin de rien ?
C’est bien plus facile de prêcher un Dieu qui a besoin
de tout et qui attend tout de nous, il suffit de tout
codifier au millimètre, de légiférer … mais comment
prêcher un Dieu qui n'a besoin de rien ?
Sans doute en vivant simplement dans le monde, avec
ceux et celles qui nous sont donnés de rencontrer,
avec cette confiance et ce courage d’être, en toute
circonstance que nous donne notre foi.
Sans doute en rappelant à temps et à contretemps que
Jésus n’est pas venu pour nous dire que Dieu existait,
mais que nous existions pour Dieu.
Je ne sais pas si Dieu existe, et pourtant c’est devant
lui que j’ai choisi de me tenir, je l’espère jusqu’à mon
dernier souffle.
Amen
ACTES 17,16-25
Tandis que Paul les attendait à Athènes, il avait l'âme bouleversée de voir cette ville pleine d'idoles. Il adressait donc la parole, dans la synagogue, aux Juifs et aux adorateurs de Dieu, et, chaque jour, sur la place publique, à tout venant. Il y avait même des philosophes épicuriens et stoïciens qui s'entretenaient avec lui. Certains disaient : « Que veut donc dire cette jacasse ? » Et d'autres : « Ce doit être un prédicateur de divinités étrangères. » – Paul annonçait en effet Jésus et la Résurrection. Ils mirent donc la main sur lui pour le conduire devant l'Aréopage : « Pourrions-nous savoir, disaient-ils, quelle est cette nouvelle doctrine que tu exposes ? En effet, tu nous rebats les oreilles de propos étranges, et nous voudrions bien savoir ce qu'ils veulent dire. » Il faut dire que tous les habitants d'Athènes et tous les étrangers en résidence passaient le meilleur de leur temps à raconter ou à écouter les dernières nouveautés.
Debout au milieu de l'Aréopage, Paul prit la parole : « Athéniens, je vous considère à tous égards comme des hommes presque trop religieux. Quand je parcours vos rues, mon regard se porte en effet souvent sur vos monuments sacrés et j'ai découvert entre autres un autel qui portait cette inscription : “Au dieu inconnu”. Ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, c'est ce que je viens, moi, vous annoncer. Le Dieu qui a créé l'univers et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas des temples construits par la main des hommes et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste.
MATTHIEU 27
Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon ; ils le requirent pour porter la croix de Jésus. Arrivés au lieu-dit Golgotha, ce qui veut dire lieu du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel. L'ayant goûté, il ne voulut pas boire. Quand ils l'eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtements en tirant au sort. Et ils étaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête, ils avaient placé le motif de sa condamnation, ainsi libellé : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » Deux bandits sont alors crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche. Les passants l'insultaient, hochant la tête et disant : « Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix ! » De même, avec les scribes et les anciens, les grands prêtres se moquaient : « Il en a sauvé d'autres et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis en Dieu sa confiance, que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime, car il a dit : “Je suis Fils de Dieu !” » Même les bandits crucifiés avec lui l'injuriaient de la même manière.