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Lecture de Matthieu 1 : 18 à 2 : 3
Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ.
Marie, sa mère, était accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement.
Il avait formé ce projet, et voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint, et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : « Dieu avec nous ».
A son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse, mais il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. »
A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
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Lecture de Luc 2 : 1 à 7
Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.
Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville ; Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes.
* Prédication
Le décor de Noël est posé depuis bien des jours et pourtant trois questions rôdent autour de cette fête. Toutes trois reviennent chaque année, reprises par les journaux, la tv ou les docs relatifs à cette fête chrétienne. En quelle année Jésus est-il né ? Où est-il né ? Sans parler finalement de l’interrogation qui s’accompagne presque toujours d’un léger sourire : qui est son père ? En période où abondent les usurpations d’identité et les fake news, important de ne pas se tromper.
En quelle année Jésus est-il né ? Difficile de sa baser sur les évangélistes pour avoir une réponse sûre à cette question. Car selon Matthieu, Jésus serait né alors qu’Hérode le Grand régnait, or Hérode meurt en 4 av Jésus-Christ, et selon Luc, la naissance de Jésus se lie au recensement sous Quirinius, daté vers 6 après Jésus-Christ. Cela fait quand même au moins dix ans d’écart. Quant aux évangélistes Marc et Jean, en taisant son enfance, ils se dispensent de cette notation. Et même avec le credo, on n’est pas plus avancé, car le credo ne fait qu’énoncer qu’il a souffert sous Ponce Pilate, sans p.ex. préciser qu’il serait né au temps d’Hérode. Alors pourquoi les textes ont-ils comme détaché de l’histoire la naissance de Jésus, alors que sa mort y est tragiquement insérée ? Du coup je me demande non seulement quand Jésus est né, mais pourquoi il y a une telle dissymétrie entre sa mort datée et sa naissance non datée.
Bien sûr quand Jésus meurt, il est connu des foules. Les autorités locales, politiques et religieuse le craignent, sa mort est un incident politique qui mérite d’être retenu et inscrit. En revanche la naissance, à plus forte raison la conception d’un enfant appartient à la zone intime de la vie et n’intéresse personne. Elle se déroule sans bruit, dans l’enclos d’une famille ou le secret d’un couple.
Quand naît l’enfant, qui sait ce qu’il de-viendra ? Qui croit ce dont sa mère paraît certaine ? Qui partage les fortes assurances de son père ? L’intimité de la naissance et la notoriété de la mort explique que la seconde soit datée, à l’inverse de la première. Mais si la date de naissance était aussi sûre que probablement la vôtre, cela changerait-il qqch ? Je n’en suis pas si certain tant que ce Jésus ne devient pas, n’est pas quelqu’un qui compte pour vs. Et pour cela même une date certaine ne fait que poser un personnage dans l’histoire, non dans votre existence.
Mais faut-il que je connaisse les dates de naissance de mon ami, de mon compagnon ou de ma compagne pour qu’il/elle compte à mes yeux ? Ou, si je tiens vrai-ment à dater les événements, n’est-ce pas plutôt la date de notre rencontre que je veux retenir ? le jour où quelque chose a commencé pour lui/elle tout comme pour moi ? Autant dire qu’il faut au fond que ces dates se confondent partiellement au – avec les vôtres pour que ce temps s’illumine autrement, non ?
D’ailleurs, je me demande s’il n’en va pas de même pour le lieu de naissance de Jésus. La ville de Nazareth, bien sûr, diront certains. Pourtant cette localité est inconnue des écrits rabbiniques contemporains des évangiles. Certes, on l’appelait Jésus de Nazareth, mais il naquit à Bethléem si l’on en croit les prophéties et les évangiles. Souvenez-vous que Matthieu dit explicitement Jésus étant né à Bethléem en Judée et Luc précise que Joseph lui aussi quittant la ville de Nazareth en Galilée, monta en Judée à la ville de David, appelée Bethléem. Alors il semble que ce soit bien dans cette ville à moins d’une heure de Jérusalem, jadis appelée Ephrata, cette ville qui abrite le tombeau de Rachel, en plein territoire palestinien que naquit Jésus. Mais là encore, où devrait-il naître pour que tout ne reste pas extérieur à vous et que tout ne s’efface pour moi les premiers jours de janvier venus ? Et si à nouveau je songe à l’amitié ou à l’amour, dans quel lieu ce sentiment est-il né pour la première fois ? N’est-ce pas d’abord en mon cœur ? Et je ne dis pas cela par sentimentalité, mais parce que c’est là, au cœur de mon être, que quelque chose a résonné autrement. C’est là que j’ai perçu tout à coup ou progressivement que quelque chose naissait en moi ? Ne devrait-il pas naître en vous pour que cela change moins quelque chose que qqn ? Quelqu’un c’est-à-dire vous ? Ne faudrait-il pas qu’il puisse grandir en moi pour que ce ne soit pas une idée extérieure qui se développe, mais que ce soit moi qui grandisse ?
C’est bien joli tout cela, mais qui est le véritable père de Jésus ? Et certains ricanent à l’idée que ce Jésus pourrait être le bâtard d’une femme adultère ou la conséquence d’un viol. Les soupçons rôdent : comment voulez-vs ne pas sourire quand l’époux de la mère n’est pas le père ? Une fois encore, je constate que l’on butte sur les faits de l’histoire, alors que tant d’hommes et de femmes les aimeraient fiables, sûrs. Nombreux sont ceux qui voudraient non pas des faits probables, mais des preuves. Peut-être vous-même aimeriez-vous tenir enfin un élément auquel vs raccrocher en cas de doute majeur. Désolé, mais tant les textes que les témoignages résistent. Désolé ? En fait non, tant mieux, car plus j’y réfléchis, plus je découvre que même si les faits étaient sûrs, prouvés, pour moi, cela n'y changerait rien. Oh, peut-être que Jésus serait mieux inséré dans l’histoire, et qu’on pourrait remplir le fichier : date, lieu, nom du père... Dans le registre, cela ferait propre en ordre, mais pour vous, pour moi, qu’est-ce que cela changerait ? Et quand je dis pour vous, je ne parle pas de vos connaissances, mais de vous, de votre vie, de votre quotidien, du sens que revêt votre parcours.
Quand je pense à ceux qui m’ont précédé, je ne songe pas d’abord à des dates ou des lieux, mais des visages remontent à ma mémoire. Je songe à ce qui m’a uni à ces êtres aimés, à ce qu’ils m’ont donné et qui font aussi ce que je suis devenu. Et ce qui m’a uni dépasse le physique ou des assurances de registres bien tenus. Je ne me crois, je ne me sens pas exister parce que mon nom est inscrit dans un registre, fût-il le +plus officiel, mais parce qu’avant moi, des êtres aimés et aimants l’ont prononcé. Ils m’ont mis en relation.
Quand on s’interroge sur qui est le père de Jésus, on se montre bien davantage curieux de celui qui fut son géniteur que connaître son père. On confond l’acte de procréation et la relation possible. Est père – et ce n’est pas si simple – celui qui reçoit un enfant et qui d’abord le reçoit en son cœur. Alors, à ne m’interroger que sur l’homme qui aurait mis enceinte Marie, je passe à côté de l’essentiel. J’évite une fois encore de m’interroger moi. Car il m’est plus facile de porter une fois encore toutes mes questions vers l’extérieur, il me semble moins dérangeant de vouloir en savoir davantage sur l’histoire telle qu’elle s’est déroulée il y a un peu plus de 2000 ans, que de me de-mander quand est-il né… pour moi ? Où est-il né… pour moi ? Qui le porte en son cœur ? Vous ? Moi ?
Mais si cette question qui est le père de Jésus ? m’interroge sur celui qui reçoit cet enfant, elle m’interroge aussi sur celui qui donne cet enfant. Et j’aime à penser que Dieu donne des enfants aux humains, que nous ne les faisons pas, pas plus qu’on ne fait l’amour ou l’amitié. Les relations fortes ne se font pas, elles se donnent. Qui est alors le père de cet enfant que je reçois ? Qui est le père ? Joseph, un charpentier dit-on. Mais je situe mal cet homme, il est si loin de moi, tel un personnage perdu dans l’hist. Qui est le Père ? Dieu qui m’offre aujourd’hui de recevoir le Christ ? Du coup, la question n’interroge plus un homme hier, mais elle retentit aujourd’hui en me bousculant moi.
Quand, où Jésus est-il né ? Où est-il né ? Qui est son père ? Ces trois questions m’ont rejoint. Voici même qu’elles me coincent. Elles ne me laissent plus tranquille, et c’est tant mieux, car il est de moments de calme qui n’ont rien à voir avec la paix véritable. Trois questions m’ont rejoint. Avec elles je croyais m’in-former et voici qu’elles s’offrent pour me former et plus encore donner consistance à mon existence. J’aime que Dieu me rappelle ainsi que les questions fortes font souvent davantage grandir que les réponses qui sont incapables de mettre en mouvement. Or Dieu m’invite au mouvement de la vie. C’est Lui qui met et mettra toujours en question la mort.
Aussi, vous l’aurez donc constaté tout comme moi, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de remplir avec assurance la fiche d’identité de Jésus.
Du coup, difficile, voire impossible de le trouver sur Facebook. Ce qui signale peut-être voire sûrement qu’on ne le trouvera que dans le livre de la foi, Faithbook lui aussi, mais écrit cette fois-ci f-a-i-t-h et non f-a-c-e.
Désolé donc. Vous ne trouverez pas le profil de Jésus sur Facebook, parce que peut-être qu’il se profile sur le livre de la foi, le Faithbook, dont chaque croyant, ami du Christ, vous peut-être, est une page fragile, une page en papier bible.
Amen